Laure
Quand je t’ai couchée dans mon lit, j’ai découvert que ton grand corps était pâle, lumineux de taches de rousseur. Comme une truite, il insinuait sa souplesse dans les courants qui enveloppaient mes mains de parfums acides. Ton visage était le miroir du plaisir que ma langue, dardée entre tes lèvres, puisait en même temps que tu étouffais de ton poing les cris conquis par mes caresses.
Luc Richir
Le ventre
Quand j’ai touché ton ventre, caressé tes hanches, ma
paume a senti comme une petite bouée qui flottait sous la
peau, un coussinet réparti telle une ceinture élastique que
mes doigts palpaient sans y trouver d’obstacle. J’ai aimé
cette douceur offerte comme une friandise que ma main
seule — à défaut de mes dents — pouvait savourer. C’est
alors, en suivant les plis d’une maigreur mensongère, que
j’ai su que tu avais un corps et que j’en savourai les
rondeurs gourmandes. La douceur de ce corps dépassait la
beauté de ce que tu m’avais permis d’en voir. Cette chair,
que je voulais étreindre jusqu’à l’incorporer, éveillait en
moi d’inaudibles cris de joie.
Luc Richir |